le manifeste de la femme futuriste
" Il est absurde de diviser l’humanité en femmes et en hommes. Elle n’est composée que de féminité et de masculinité. Tout surhomme, tout héros, si épique soit-il, n’est l’expression prodigieuse d’une race et d’une époque que parce qu’il est composé à la fois d’éléments féminins et d’éléments masculins, de féminité et de masculinité : c’est à dire qu’il est un individu complet. (...)
Les femmes, ce sont les Erynnies, les Amazones ; les Sémiramis, les Jeanne d’Arc, les Jeanne Hachette ; les Judith et les Charlotte Corday ; les Cléopâtre et les Messaline ; les guerrières qui combattent plus férocement que les mâles, les amantes qui incitent, les destructrices qui, brisant les plus faibles, aident à la sélection par l’orgueil ou le désespoir, "le désespoir par qui le coeur donne tout son rendement".
Que les prochaines guerres suscitent des héroïnes comme cette magnifique Caterina Sforza, qui soutenant le siège de sa ville, voyant, des remparts, l’ennemi menacer la vie de son fils pour l’obliger elle-même à se rendre, montrant héroïquement son sexe, s’écria : "Tuez-le, j’ai encore le moule pour en faire d’autres !(...)"
Valentine de Saint-Point
Paris, le 25 mars 1912
19, avenue de tourville.